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regarde bien petit
© 1968 jacques brel

regarde bien petit, regarde bien sur la plaine là-bas à hauteur des roseaux
entre ciel et moulins y'a un homme qui vient que je ne connais pas
regarde bien petit, regarde bien

est-ce un lointain voisin un voyageur perdu
un revenant de guerre un montreur de dentelles
est-ce un abbé porteur de ces fausses nouvelles qui aident à vieillir ?

est-ce mon frère qui vient me dire qu'il est temps
d'un peu moins nous haïr ou n'est-ce que le vent
qui gonfle un peu le sable
et forme des mirages pour nous passer le temps

ce n'est pas un voisin son cheval est trop fier
pour être de ce coin pour revenir de guerre
ce n'est pas un abbé son cheval est trop pauvre pour être paroissien

ce n'est pas un marchand son cheval est trop clair
son habit est trop blanc et aucun voyageur
n'a plus passé le pont depuis la mort du père, ni ne sait nos prénoms

ce n'est pas mon frère son cheval aurait bu
non ce n'est pas mon frère il ne l'oserait plus
il n'est plus rien ici qui puisse le servir
non ce n'est pas mon frère, mon frère a pu mourir
cette ombre de midi aurait plus de tourment s'il s'agissait de lui

allons c'est bien le vent qui gonfle un peu le sable
pour nous passer le temps

regarde bien petit, regarde bien....
y'a un homme qui part que nous ne saurons pas...
il faut sécher tes larmes
y'a un homme qui part que nous ne saurons pas...
tu peux ranger les armes
 
texte reproduit avec l'aimable autorisation des éditions pouchenel
[accordage standard]
 
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