gabriel yacoub, chanson et paradoxe
"on ne passe pas souvent à la radio, jamais à la télé
par contre, les concerts sont pleins : un public qui se casse la tête pour aller voir les concerts, trouver les disques, partager la bonne nouvelle
des militants"
gabriel yacoub aime cette situation curieuse, qui associe notoriété et marginalité, fragilité et longévité
il s'installe à partir de ce soir au studio de l'ermitage, à paris avec ses huit musiciens et, en première partie, la bergère [sa compagne, riche inspiration et voix au ciel], peu après la sortie de je vois venir..., nouveau double album enregistré en public
signe des temps et de sa singulière position, ce disque paraît sur le label le roseau - le sien -, distribué par harmonia mundi : comme tant d'autres, gabriel yacoub n'intéresse pas les grandes maisons de disques et s'est résolu à prendre la casquette de l'entrepreneur pour diffuser son travail
un malentendu, peut-être
parce qu'il fut le leader de malicorne, on veut le croire encalaminé au temps des vestes en vraie laine et des cheveux aux épaules
pourtant, il en a fait du chemin, depuis
et même avant : tout commence à 13 ans, aux beatles sur l'électrophone de sa grande soeur puis sur la scène de l'olympia
d'autres, dans sa génération - laurent voulzy, le français ou elvis costello l'anglais -, feront de cette passion un amour de guitare, une pente pop
lui, il navigue des beatles à dylan, de dylan à la musique folk américaine, de woody guthrie au folk anglais, puis irlandais, puis à la musique traditionnelle française
ce sont les années 70, une génération entre révolution et redécouvertes, modernité et refus de la modernité...
"d'abord guitariste d'alan stivell, il publie avec marie yacoub l'album pierre de grenoble en 1973, puis fonde malicorne, qui va devenir le porte-drapeau d'une génération folk
pendant une dizaine d'années, le groupe va puiser à pleins bras dans les chansons françaises anciennes et faire résonner d'une façon neuve vielle à roue, cromorne, cornemuse et cordophones curieux
nostalgie du "sabot dondaine" ?
"au contaire, nous banissions cette idée
malicorne était un groupe très sophistiqué, très raffiné, peut-être même prétentieux"
ces jeunes urbains ne rêvent pas de retour à la terre, mais travaillent à une autre manière de dire l'émotion, dont yacoub reconnaît volontiers, aujourd'hui, les tendances au prog rock, au heavy metal naissant, au punk, même
quand malicorne se dissout, à l'orée des années 80, yacoub choisit une voie neuve : "le bouleversement, ça a été l'écriture
malicorne a été magnifique parce qu'on avait 20 ans, qu'on s'éclatait comme des gamins à choisir dans un répertoire magnifique les chansons les plus belles
le jour où j'ai commencé à écrire, ça a ouvert un trou béant : rien à choisir, tout à inventer"
acoustiques, habillées par les premiers sampleurs des années 90 ou vêtues de rock, les chansons de l'ancien chanteur de malicorne s'orientent peu à peu vers une des plus belles sophistications du paysage francophone
langue rare, rêveuse, précise, mélancolique, non sans quelque parenté avec des stylistes de la concision, de la densité et du détail comme quignard ou bobin
ainsi chante-t-il dans mes belles anciennes compagnes : "celle-ci visitait | les provinces de l'âme | et elle en rapportait | les grives attitudes | des petites glaneuses | à la fin du marché" [un beau recueil de ses textes, les choses les plus simples, est paru chez christian pirot]
curieusement, yacoub est peu associé au monde de la chanson française : "cela fait à peine deux ou trois ans que je suis invité dans des émissions spécialisées ou qu'on parle de moi dans chorus
parfois, on trouve mes disques en "musiques du monde" : c'est peut-être commode à cause de malicorne, mais c'est absurde
en france, la boîte folk est toute petite alors qu'aux états-unis elle est énorme"
les états-unis...
monde heureux qui ne s'embarasse pas de la distinction entre populaire et savant, qui n'hésiterait pas à associer brassens et cabrel [pour la guitare, la métrique, la simplicité érudite], et dans lequel yacoub visite parfois un circuit de salles et un public qui ne se querelle plus entre anciens et modernes
"james taylor décrit sa musique comme du "green rock'n'roll", du rock'n'roll" vert
j'aime bien ce mot - l'acoustique, le brut, la guitare en bois, un esprit un peu écolo
ça, j'aime beaucoup"
on dira chanson verte, alors
culture 16 novembre 2004 bertrand dicale - le figaro |
yacoub est un chanteur élégant, attaché aux principes de la musicalité le monde |
yacoub nous apparaît comme une sorte de peter gabriel hexagonal... sa musique relève de l'intelligence pure l’événement du jeudi |
... il garde le goût des formules de sagesse universelle... libération |
un mélange à la fois humble et savant qui sait puiser dans les sources pour mieux aller à l'avenir... une poésie d'espoir et de convivialité... toujours une chaleur jusqu'au fond de la voix et du regard ouest france |
gabriel yacoub... le dylan français ! best |
la musique de yacoub possède le son assuré et l'émotion de quelqu'un de tout à fait naturel...chaudement recommandé aux amateurs de musiques alternatives billboard |
la passion dans la voix du chanteur français gabriel yacoub abat toutes les barrières de langage the boston globe |
la voix de yacoub est fluide et claire, son jeu de guitare brillant : riches contre-chants et technique classique, qui sur des cordes en acier, donnent à son instrument l'ampleur du clavecin vanity fair |
voilà longtemps qu'il nourrit, et se nourrit, de notre mémoire chantante : auparavant avec le fameux groupe malicorne, aujourd'hui en solo, il mêle instruments anciens et modernes...
son répertoire, lui, croise aussi bien le temps ; on y trouve des résonances de traditionnels d'ici et d'ailleurs ...
la chanson est ce lien à la fois secret que tissent les peuples entre eux, cette contrebandière que taxes et production de masse ne parviennent pas tout à fait museler, à banaliser
yacoub est l'un de ses meilleurs passeurs...
jolie synthèse de tout ce que peut dire la chanson...
une spiritualité qui ne se nourrit pas de grands mots flous, mais des images porteuses de rêves et ferveurs... mélodieux enlacements, harmonieuses rencontres d'où naissent des climats à la fois familiers et captivants
la synthèse n'a rien d'artificiel télérama |
han revolutionerede den franske folkemusik i starten af 70'erne, han opbyggede sammen med gruppen malicorne den franske revival af folkemusikken, der stadig lever, og han er på vej til danmark, og han fortryder intet poul erik sørensen - |
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