production 

je suis le vent
© 1997 gabriel yacoub | jean-pierre arnoux

j'ai rendu au néant les couleurs des drapeaux
pour me faire un blason de la couleur de l'eau
alors sans passion en toute humilité
j'ai changé en nuée mes rêves secrets
je suis le vent

je partirai rugir au travers des étables
où les bêtes tranquilles trembleront sur leurs pieds
je m'engouffrerai par les portes des granges ouvertes à deux battants
et le grain amassé deviendra en patience un trésor doré
je suis le vent

j'irai balayer la sortie des usines
les rendez-vous frileux au coin de l'avenue
quand les épaules lourdes se frôlent sans pudeur
pour dissiper les doutes les mauvaises nouvelles
les rôdeurs les rumeurs la fatigue la nuit
je suis le vent

je glisserai soyeux parmi le bois luisant
des sombres cornemuses je me ferai dolent
regret inconsolé et puis en un instant
le temps d'une bourrasque je viendrai bousculer
d'une épaule de foire vos brillantes fanfares
je suis le vent

je viendrai caresser tes yeux et la couleur
de ton regard pile reflet de ton sourire
scintillement gracieux sur une lame d'acier
et je t'attendrai là sous un ciel géant
le souffle coupé et le coeur vivant
je suis le vent
 


à mon ami jean-pierre, poète
 
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